Mythes et
Légendes
35 ans de musique
du 10 mai au 4 juin 2005
Ce 20 mai, salle comble
au Triton comme
chaque soir de ce cycle de 4 semaines consacré à MAGMA. Cette deuxième semaine était
consacrée aux années 1973 - 1976, les "années Jannick Top".
Jannick Top est
l'inventeur du style de basse de MAGMA. Il a joué dans le groupe en 1973
- 74 et a fait un retour (dans MAGMA VanderTop) en 1976. J'ai eu la chance
de voir le groupe sur scène une fois chaque année, interprétant chaque
morceau du répertoire de ce soir !
Première partie du
concert : Wurdah Ïtah que le groupe a joué (très peu, peut-être
deux ou trois fois) sur scène en 1973, notamment aux Ponts-de-Cé près
d' Angers (j'y étais !) et qui a été enregistré en 1974 (B.O du film Tristan
et Iseult).
Pendant cette semaine au Triton, Jannick ne joue pas dans ce morceau,
alors qu'il le jouait à l'époque mais Philippe Bussonnet s'en tire avec
les honneurs. Emmanuel Borghi n'est pas aux claviers mais officie comme
choriste (en 1973, il y avait deux claviers, déjà). J'adore ce morceau
et j'ai trouvé l'interprétation de ce soir convaincante. Il y manquait
juste cette pointe de folie de la version de 1973, inachevée, avec un
passage free (façon Nëhèh) en plein milieu (quel fou ce René
"Stundëhr" Garber !). Les musiciens du bord du
monde...
Deuxième partie du
concert après un entracte : Mekanïk Destruktïw Kommandöh, l'oeuvre
mythique de MAGMA enregistrée en 1973 et jouée en version originale en
1973 et 1974 avec Jannick Top, avant de devenir Mekanïk Zaïn avec Bernard
Paganotti et Didier Lockwood en 1975. MAGMA VanderTop en jouait une version
différente en 1976 .
Jannick Top rejoint le groupe sous les ovations. Le personnage a pris de
la rondeur et a perdu des cheveux (lui aussi...) ! "La bête
!" dit un mec derrière moi. Comme il n'a pas joué avec le
groupe depuis près de 30 ans, qu'est-ce que cela a donné ? Bon,
disons que je n'ai pas été tout-à-fait enthousiasmé... Et c'était
inévitable. Non pas que je juge en fonction du Jannick Top que j'ai pu
voir dans les années 70, mais tout simplement parce qu'il n'a plus
joué cette musique depuis 1976. 30 ans de variétés, de musiques de
films, de séries TV et de comédies musicales... ce n'est pas
tout-à-fait la Zeuhl ! Bon, on a entendu sa bonne grosse basse mais dans
un registre assez traditionnel, loin de la basse fuzz, de la basse-synthé
ORS des années 70. En plein milieu de M.D.K., Jannick nous
gratifie d'un joli solo bien calme. Cela n'a rien à voir avec le solo
façon "Star Wars" de Paganotti mais bon, il a tout de
même réussi à faire vibrer les bouteilles du bar ! Je plaisante, Jannick a
une technique éblouissante mais ce solo était bien pacifique pour une
expédition guerrière. Un très beau solo rageur de guitare de
James Mc Gaw redonne une ardeur belliqueuse au kommandöh que la basse de
Jannick avait calmée (le calme avant la tempête). Le final
fut à la hauteur de la réputation dudit kommandöh : destruktïw.
Troisième partie, en
"rappel" (mais c'était prévu au programme !): Jannick Top nous
annonce "une chanson douce". Ce sera... De Futura, son
oeuvre maîtresse enregistrée en 1976.
Après une introduction en effet très douce de Jannick, rythmée par le
public, ça démarre, plutôt lentement , beaucoup plus lentement qu'en
1976 en tout cas. Cela donne au début de D.F. un côté
presque lourdingue, sans doute voulu. Sur ce morceau, J. Top est épaulé
par Philippe Bussonnet. Il faut bien deux basses pour la puissance de
cette oeuvre, deux basses jouant dans un registre différent mais
complémentaire, combinaison très réussie. Après ce début très lent,
la machine s'emballe et c'est la déferlante finale, toujours aussi
impressionnante. Le peuple d'Ork en marche écrase tout sur son passage. Trente ans après, De Futura, oeuvre visionnaire,
n'a rien perdu de sa puissance ni de sa modernité. Un chef d'oeuvre en
fait, sans équivalent à mon avis. Incontestablement le temps fort de
cette semaine, peut-être même des quatre semaines. Et rien que pour ça, chapeau et merci Jannick !
Revoir Jannick Top
avec MAGMA aura sans doute été l'évènement de ce mois de "Mythes
et Légendes" au Triton. Christian et Jannick étaient heureux de
rejouer ensemble après toutes ces années, cela se voyait. Le challenge
n'était pas facile à relever pour Jannick après trente années passées
à jouer des musiques très différentes de celle de la bande à Vander.
Le résultat a été inégal mais a malgré tout comblé le public de fidèles venu le
voir pendant toute cette semaine.
Ceux qui ne l'avaient pas vu avec MAGMA dans les années 70 ont enfin pu
voir sur scène ce bassiste d'exception dont le nom restera associé à ce
qui demeurera la période la plus créatrice et la plus originale de
l'histoire du groupe, pourtant riche en moments forts. Ceux comme moi qui
l'avaient déjà vu avec MAGMA dans ces années héroïques se
remémoreront les moments magiques qu'ils ont vécus en ces
occasions.
Et puis, revoir MAGMA
sur scène procure toujours autant d'excitation. La musique ne vieillit
pas, elle est intemporelle, les musiciens et les choristes sont excellents
et Christian Vander assure toujours comme une bête malgré les années
qui passent. Son style de batterie et sa musique sont uniques. Les Mythes
et Légendes n'ont pas fini d'alimenter nos rêves et c'est tant
mieux.
¤ Jacques Guiton
MagmaFan
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