1993 - Christian VANDER : Une image, un son...

 

 
    
Christian VANDER     
par     
Antoine de CAUNES

            Dans les années 70 je venais de dépasser sans prendre garde le cap fatidique de mes 20
ans - je vouais un culte passionné à Christian Vander et à sa musique. 
La première fois que j'avais entendu Magma, en concert, j'avais eu du mal à croire à ce qui
venait de me tomber sous les yeux et sur les oreilles. A cette époque-là, le rock, puisqu'aussi
bien c'était dans ce coin-là que je me fournissais, commençait à sérieusement virer sa cuti après
les affligeantes retombées de l'été de l'amour et autres Woodstocks : prétentions symphoniques,
morceaux étirés à l'infini, ambiances baveuses de light shows façon ballons d'alccotests, tout ça
ressemblait à s'y méprendre au naufrage du Titanic sur lequel il y avait aussi, il est vrai, un
orchestre.

Et puis, Magma est arrivé : avec ce mélange inouï d'épure et d'emphase, d'économie de moyens
et de débauche absolue, de rigueur et de cinglerie. Un groupe qui faisait PEUR ! Extrême au
point d'en faire passer les punks les plus extrêmes pour des veaux marins venant de se faire
gober les parties par d'espiègles coquilles Saint-Jacques. Une musique que les références
affichées (de Stravinsky à Coltrane) et sa fureur jamais calmée plaçaient d'office hors les normes
de l'époque. Un groupe et une musique enfin qu'ouvrait - un peu à la manière d'un Moëbius 
pour le dessin - son auditeur à une véritable fringale de curiosité.

Et puis le temps a passé. Les routes de Vander et les miennes, un instant croisées, se sont séparées. Ce qui ne m'empêche pas de tenir l'animal à l'oeil. Annonce-t-on un disque sous son 
nom ou celui d'une de ses nouvelles formations qu'aussitôt mon oreille se tend, à la manière de
celle du loup-garou subissant (?) les méfaits de la lune nouvelle. Métamorphose dont jamais je ne songe à me plaindre.

Enfin, j'ai remarqué qu'il se trouve un nombre considérable d'individus victimes du même sortilège. Il suffit, au détour d'une conversation, de glisser l'un de ces magiques mots de passe :
Vander ou Magma, pour qu'aussitôt les larmes viennent aux yeux de bon nombre 
d'interlocuteurs.

Et dans ces cas, je me souviens de cette promesse faite à Vander, au plus fort de ma passion 
pour sa musique, d'un lien dont même la vie ne viendrait pas à bout.
Elle tient toujours Christian, tu peux compter sur moi.

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                                                                                            Antoine de Caunes