Christian
VANDER |
|
|
|
par |
|
|
|
Antoine
de CAUNES |
Dans les années 70 je venais de dépasser sans prendre
garde le cap fatidique de mes 20
ans - je vouais un culte passionné à Christian Vander et
à sa musique.
La première fois que j'avais entendu Magma, en concert,
j'avais eu du mal à croire à ce qui
venait de me tomber sous les yeux et sur les oreilles. A
cette époque-là, le rock, puisqu'aussi
bien c'était dans ce coin-là que je me fournissais,
commençait à sérieusement virer sa cuti après
les affligeantes retombées de l'été de l'amour et
autres Woodstocks : prétentions symphoniques,
morceaux étirés à l'infini, ambiances baveuses de light
shows façon ballons d'alccotests, tout ça
ressemblait à s'y méprendre au naufrage du Titanic sur
lequel il y avait aussi, il est vrai, un
orchestre.
Et
puis, Magma est arrivé : avec ce mélange inouï d'épure
et d'emphase, d'économie de moyens
et de débauche absolue, de rigueur et de cinglerie. Un
groupe qui faisait PEUR ! Extrême au
point d'en faire passer les punks les plus extrêmes pour
des veaux marins venant de se faire
gober les parties par d'espiègles coquilles
Saint-Jacques. Une musique que les références
affichées (de Stravinsky à Coltrane) et sa fureur jamais
calmée plaçaient d'office hors les normes
de l'époque. Un groupe et une musique enfin qu'ouvrait -
un peu à la manière d'un Moëbius
pour le dessin - son auditeur à une véritable fringale
de curiosité.
Et
puis le temps a passé. Les routes de Vander et les
miennes, un instant croisées, se sont séparées. Ce qui
ne m'empêche pas de tenir l'animal à l'oeil.
Annonce-t-on un disque sous son
nom ou celui d'une de ses nouvelles formations
qu'aussitôt mon oreille se tend, à la manière de
celle du loup-garou subissant (?) les méfaits de la lune
nouvelle. Métamorphose dont jamais je ne songe à me
plaindre.
Enfin,
j'ai remarqué qu'il se trouve un nombre considérable
d'individus victimes du même sortilège. Il suffit, au
détour d'une conversation, de glisser l'un de ces
magiques mots de passe :
Vander ou Magma, pour qu'aussitôt les larmes viennent aux
yeux de bon nombre
d'interlocuteurs.
Et
dans ces cas, je me souviens de cette promesse faite à
Vander, au plus fort de ma passion
pour sa musique, d'un lien dont même la vie ne viendrait
pas à bout.
Elle tient toujours Christian, tu peux compter sur moi.
.
Antoine de Caunes
|